LE JOURNAL DES ENTREPRISES

Albupad développe un matériau
innovant pour une meilleure
délivrance des médicaments


Spin-off issue de deux laboratoires de recherche strasbourgeois, la toute jeune start-up lancée
en janvier, Albupad, développe un nouveau matériau à base d’albumine. Celui-ci doit offrir aux
patients atteints de maladies chroniques et de cancer un système de délivrance et de contrôle
des médicaments au long cours, à la fois naturel, biocompatible et biodégradable.
C’est un nouveau procédé qui pourrait bien révolutionner la donne du suivi des patients. « L’objectif est
d’éviter aux patients atteints de cancer et de maladies chroniques de prendre des injections quotidiennes
mais d’améliorer leur prise en charge grâce à une délivrance prolongée du principe actif. Nous avons
validé cette délivrance sur un mois et l’objectif de notre prochaine levée de fonds, prévue pour fin 2024,
est de voir par la preuve du concept préclinique jusqu’où nous sommes capables d’aller », pose Eya
Aloui, cofondatrice au côté de quatre autres chercheurs de la start-up strasbourgeoise dont les statuts
viennent d’être déposés en janvier.
Sans solvants ni toxiques
La medtech strasbourgeoise développe un système à base d’albumine, une protéine naturellement
produite par le corps, capable de libérer un médicament de manière progressive, sur une longue période
et de manière localisée. Produite sans solvants organiques et agents toxiques, la solution offre plusieurs
bénéfices pour le patient : un risque plus limité de surdosage et d’oubli. Elle réduit aussi les effets
secondaires indésirables grâce à la biocompatibilité et biodégradabilité de l’implant. Elle pourrait à ce
titre s’imposer face aux polymères de synthèse.
Diffusion sur un mois et plus
« Les molécules antitumorales sont habituellement injectées aux patients par voie intraveineuse. Nous
sommes en mesure de charger la molécule antitumorale dans un petit dispositif qu’on implante
directement dans la tumeur. Cette découverte ouvre également la voie pour le développement d’un
implant intelligent capable de cibler les tumeurs », estime Eya Aloui.
Le projet Albupad est le fruit de six années de recherche et développement, menées par le laboratoire
biomatériaux et bio ingénierie (cotutelle de l’Inserm et l’Université de Strasbourg) et du laboratoire de
Conception et application de molécules bio actives (Université de Strasbourg).
Une levée d’amorçage en 2024
Tout juste créée, Albupad est actuellement incubée au sein de Semia. Elle a bénéficié du soutien
financier de l’institut de recherche mulhousien Carnot Mica dans sa phase exploratoire pour 50 000
euros et de la société d’accélération du transfert de technologie Conectus à hauteur de 600 000 euros.
Cet accompagnement a notamment permis de déposer un brevet européen en 2019 et de structurer le
projet de création de la start-up. La Ligue contre le cancer, Alsace contre le cancer, Bpifrance et la
Région Grand Est ont soutenu financièrement Albupad qui envisage désormais courant d’année une
levée de fonds d’amorçage afin d’accélérer les prochaines étapes de sa R&D. L’objectif étant, en 2024,
de valider l’industrialisation du procédé de fabrication pour parvenir in fine aux premiers essais cliniques à horizon 2030.
Applications vétérinaires ou cosmétiques
Le marché des formulations de délivrance prolongée de médicaments était estimé à 15 milliards de
dollars en 2022. D’autres marchés peuvent potentiellement s’ouvrir aux matériaux biosourcés à base de
protéine tels que les produits vétérinaires, cosmétiques et venir en substitution des plastiques de
synthèse dans les usages du quotidien.

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